Tue 21/12/2004
(Source : tempsreel.nouvelobs.com)

Décembre 2004 : création d'un Mycoplasme artificiel en laboratoire

Sciences de la vie

Cela ressemble à « la mallette du petit biologiste » version joueur très expérimenté. A partir de plusieurs éléments de construction d'origine animale ou bactérienne, des chercheurs ont créé une forme de vie artificielle. Vincent Noireaux et Albert Libchaber, de la Rockfeller University de New York, ont créé de toutes pièces un « bioréacteur » capable de produire une protéine à partir d'un gène.

Voici, dans les grandes lignes, la recette de Libchaber et Noireaux publiée dans les PNAS : des lipides issus de blanc d’œuf pour former les parois de la cellule, la bactérie E.coli privée de son ADN pour la machinerie, un gène de fluorescence prélevé sur une méduse, un autre venant du staphylocoque doré, enfin une enzyme extraite d'un virus pour permettre la traduction des gènes.

Résultat : mise en culture, la cellule s'est mise à produire des protéines. Exprimant le gène de la méduse, elle a pris une jolie couleur verte fluorescente. Grâce au gène du staphylocoque, les parois de la cellule se sont couverts de minuscules pores lui permettant de profiter des nutriments du milieu de culture.

Les chercheurs insistent sur le fait que ces « bioréacteurs » ne sont pas à proprement parler des organismes vivants. Ils ne sont d'ailleurs pas capables de se diviser pour se reproduire comme le font les cellules.

Ces travaux font partie d'un domaine de recherche, la biologie synthétique ou biologie de synthèse, qui vise notamment à mieux comprendre ce qu'est un être vivant, comment il se définit, et comment la vie est apparue. Dans une expérience qui avait suscité quelque effroi, des chercheurs avaient annoncé avoir recréé en laboratoire un virus de la polio. Le généticien Craig Venter s'est lui attaqué au génome de la bactérie Mycoplasma genitalium afin d'obtenir le plus petit génome possible nécessaire à la vie.

Cécile Dumas

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