Mon 6/10/2003
(Source : www.lejournalsante.com)

Nuisances sonores : stress et hypertension

Le point sur les conséquences du bruit chronique pour la santé

Paris, le 06/10/03. LJS.com


La ministre française de l’environnement, Roselyne Bachelot, présente aujourd’hui le 5ème plan de lutte contre le bruit depuis 10 ans. Si ces mesures destinées à protéger les citoyens des nuisances sonores voient le jour, elles préserveront en effet leur santé : le bruit chronique a de multiples conséquences sur l’organisme.

Selon un rapport de l’Institut Français de l’environnement publié en 2000, le bruit est la principale nuisance ressentie par les Français : 40% se disent gênés par le bruit. Pourtant la lutte contre le bruit représente la part la plus faible des budgets consacrés à la protection de l’environnement : 4,6 milliards de francs en 1998. (1)
40%, c’est également la proportion de personnes qui sont exposées, selon l’Organisation Mondiale de la Santé, au bruit du trafic routier en Europe, ce qui équivaut à un niveau de pression acoustique excédant 55 dB(A) (décibels pondérés) pendant la journée. Et lorsque tous les bruits de transport sont réunis, l’OMS estime que plus de la moitié des citoyens de l’Union Européenne vit dans des zones qui ne leur assurent pas un minimum de confort acoustique. (2)

La circulation routière, le trafic aérien et ferroviaire sont les principales sources de bruit dans l’environnement. A l’extérieur encore, constructions et travaux publics font l’objet d’évaluations des niveaux sonores. Mais les nuisances proviennent également de l’environnement intérieur : systèmes de ventilation, appareils ménagers et voisinage sont également répertoriés comme des sources substantielles de bruit. Au-delà des difficultés auditives à suivre normalement une conversation, le bruit chronique engendre des troubles bien moins évidents mais tout aussi importants sur la santé.

Troubles du sommeil
Pendant la nuit, plus de 30% des européens sont exposés à des niveaux de pression acoustique excédant 55 dB(A), ce qui perturbe leur sommeil. Difficultés d’endormissement, sommeil agité, réveils fréquents, fréquence cardiaque perturbée, tensions dans les membres engendrent également des effets secondaires comme une fatigue accrue, sentiment de dépression et performances intellectuelles réduites ainsi qu’une moins bonne résistance au stress. Le niveau sonore ne devrait pas dépasser 30 dB(A) pour un sommeil de qualité.
Les troubles se manifestent également au niveau physiologique : le bruit perturbe la régulation du cortisol, l’hormone régulatrice du stress. Une étude allemande a montré en 2002 que les enfants qui dorment dans un environnement sonore élevé ont des taux plus élevé de cortisol pendant la première partie de la nuit que ceux qui dorment au calme. Ces enfants avaient également plus de risque d’avoir de l’asthme et des allergies. (3)

Performances intellectuelles diminuées
Le bruit altère également les fonctions cognitives : de nombreuses études ont montré que les enfants qui vivent ou vont à l’école près d’un aéroport ont plus de difficultés d’apprentissage de la lecture que les autres. Toujours selon l’OMS, plus l’exposition est longue, plus graves sont les dommages. Mais parallèlement, ces troubles disparaissent lorsque l’environnement sonore s’améliore, selon une étude publiée dans Psychological Science en octobre 2002. (4) (Lire à ce sujet : Le bruit des avions perturbe la lecture sur https://www.lejournalsante.com/site/actu.asp?ID=2151&Rub=Mes enfants)
Les performances intellectuelles diminuent également : les enfants obtiennent de moins bons scores sur des activités précises comme la résolution de problèmes et la mémorisation lorsqu’ils vivent ou vont à l’école dans un environnement très bruyant. La concentration et le niveau d’attention est lui aussi altéré, chez les adultes également.

Agressivité
Dans son rapport, l’OMS constate que le bruit au-dessus de 80 dB(A) peut également réduire les comportements de solidarité et accroître les comportements agressifs. Il est particulièrement préoccupant de constater que l'exposition permanente à un bruit de niveau élevé peut accroître le sentiment d'abandon chez les écoliers.

Risque cardiovasculaire
Il est reconnu que le bruit altère les fonctions physiologiques de l’organisme. Selon l’OMS, « l’impact peut être temporaire aussi bien que permanent. Après une exposition prolongée, les individus sensibles peuvent développer des troubles permanents, tels que de l'hypertension et une maladie cardiaque ischémique à des niveaux sonores élevés. » Pas si élevés que cela toutefois puisque selon un rapport de l’Agence Fédérale de l’Environnement allemande publié en 2002, les berlinois qui vivent dans les rues qui atteignent la nuit un niveau sonore égal à 55dB(A) souffrent 2 fois plus d’hypertension artérielle que ceux qui dorment dans des rues plus calmes. (5)(à lire Le bruit du trafic routier favorise l'hypertension sur https://www.lejournalsante.com/site/actu.asp?ID=2354&Rub=Longévité)

Attention aux basses fréquences
On a observé des réactions plus fortes quand le bruit est accompagné de vibrations et contient des composants de basse fréquence, ou quand le bruit comporte des explosions comme dans le cas de tir d'armes à feu. Des réactions temporaires, plus fortes, se produisent quand l'exposition au bruit augmente avec le temps, par rapport à une exposition au bruit constante.
Caroline Very



le 06/10/2003
(1) Ifen N° 26 : Les comptes de la dépense de protection de l'environnement : la dépense de réduction du bruit 1990/1998.
(2) Résumé d'orientation des Directives de l'OMS relatives au bruit dans l'environnement. Consulté en ligne le 06/10/03 : https://www.who.int/environmental_information/Noise/bruit.htm#Top
(3) Ising H : Chronic cortisol increases in the first half of the night caused by road traffic noise. Noise Health 2002 ; 4 (16) : 13-21.
(4) Hygge S : A Prospective Study of Some Effects of Aircraft Noise on Cognitive Performance in Schoolchildren Psychol Sci 2002 ;13(5):469-474.
(06/10/2003, L.Q.S.)

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